La prise de parole doit nécessairement véhiculer des émotions. Qu’elles soient sincères ou que vous les jouiez, vos interlocuteurs doivent ressentir ces émotions pour être profondément immergés dans l’esprit du propos. Tout cela peut s'apprendre lors de cours de communication.
Sur le plan facial, le sourire est très important dans la prise de parole pour générer une impression positive. Mais l’absence de sourire sur des sujets graves peut également donner une grande profondeur à votre prise de parole.
Sur le plan de l’intonation et du rythme de la parole, une voix plus grave, basse en volume et débit plus lent seront adaptés à des propos lourds et graves. La colère peut elle aussi être manifestée de cette façon, bien qu’elle soit généralement exprimée par un volume de voix élevé. Avant chaque virgule, maintenez le ton du dernier mot au même niveau que les autres, tenez la dernière syllabe de ce mot puis placez un court silence. Avant chaque point, descendez le ton et puis placez un long silence. À l’inverse, la joie s’exprimera davantage par un ton plus aigu et oscillant vers le haut en matière de volume, en appuyant sur les mots qui vous paraissent pertinents. Le rythme sera plus rapide. Avant chaque virgule, montez la dernière syllabe du mot la précédent et tenez là en longueur avant de placer un court silence. Avant chaque point, descendez la dernière syllabe et tenez là en longueur avant de placer un long silence.
Avoir la capacité de jouer avec les émotions dans l’intonation de sa voix est un atout majeur en matière de prise de parole. Aussi faut-il s'entraîner à varier les intonations en lisant un même support afin de bien observer les différences dans l'intonation. Munissez-vous d’un texte d’une dizaine de lignes qui présente sur le fond une idée totalement opposée à vos convictions ou qui ne représente pas quelque chose de clairement compréhensible. Essayez–vous ensuite à lire à haute voix ce texte avec diverses émotions, comme si vous étiez absolument détaché du fond et que vous aviez le pouvoir de choisir l’émotion sur laquelle vous souhaitez emmener votre auditoire. Vous serez surpris de voir à quel point vous possédez des talents de comédiens insoupçonnés dont vous pourriez jouer dans certaines situations ! Pour plus d'efficacité, filmez-vous pour vous regarder ensuite ou demandez à un proche de vous faire un retour directement. Quelques idées :
Un extrait d’un discours politique d’un parti à l’opposé de vos idées ;
Une lettre jointe à une facture de votre fournisseur d'énergie dans laquelle votre interlocuteur vous explique poliment en plusieurs lignes que vous devrez vous acquitter d’un montant de 150 euros ;
Ou bien, si vous souhaitez un texte dépourvu de sens direct, ce texte de Raymond Queneau, intitulé « Cosmophilie » : « Il est à gros point malotru, bien sûr, de calecer l’aube. Vers le milieu du jour, cela peut se devoir et se faire sans froncement de déni, mais, au premier jus du soleil, on trouve tout broince. L’aube évidemment se fanit tôt. Elle oblique sa jointure, dénonce son bleu, adjoint ses zéros, cultive son grain, graillonne du fouet, grisaille. Sur le coup de l’un peu après-midi, on le prend de surcroît de surprise de surtout de sursis, mais c’est une occaze un peu sévère, disjointe en quelque sorte, peu recommandable. Le temps s’affaisit et c’est là-dessus que porte le dosage. On gauffe, on brouffe, on saigne et la lune apparaît dans le plein violet du ciel vert mou de fin de six avec sa séquelle de cubées de nuages pompeux indéfinis. Alors tombe et choit le crépu. Le même obtient l’autre et la nuit s’édifie avec un calme obtempérant. Les étoiles picotent. La comète peigne. La nébuleuse gèle. Il n’y a plus que du mauvais sommeil à pioncer, avec le calme des sages. » .
Et surtout ... n'oubliez pas de prendre du plaisir, chers orateurs !