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Histoire littéraire française : le siècle des Lumières

Avant de commencer à prendre des cours particuliers de français, je vous propose de lire ce résumé concernant le siècle des Lumières. 

L'Histoire littéraire se propose de considérer la littérature dans une perspective historique, en prenant en compte le contexte politique, social et religieux et ses interactions avec le monde des lettres. Par exemple, envisager la littérature française du XVIIIᵉ siècle suppose de connaître l'absolutisme de la monarchie de Louis XIV qui a amené un moment de détente, de relâchement de la Cour avec la régence en 1715 à 1723 avec Philippe d'Orléans et le règne du léger Louis XV, son arrière-petit-fils.

Le théâtre du XVIIIᵉ siècle

Les genres nobles que sont la tragédie et la haute comédie sont portés par la Comédie française, c'est le théâtre français. Les théâtres italiens et lyriques sont portés par l'Académie Royale de musique. Les théâtres italiens et français sont en conflit avec la célèbre Querelle des Bouffons en 1753, opposant les partisans de la musique française de Lully, puis de Rameau et les tenants de la musique italienne, de style bouffe, soutenu par J-J Rousseau, de profession musicale. Le théâtre italien est représenté par L. Riccoboni dit Lélio; il collabore avec Marivaux (L'île aux esclaves, 1725, La Double inconstance, 1723) et Autreau. C'est dans la lignée de la commedia dell' arte qu'il s'inscrit. Le théâtre français, quant à lui, dispose des tragédies à succès de Voltaire (Zaïre, 1732, Mahomet le prophète, 1739), de Houdar de la Motte et de Crébillon père.

La Cour de Louis XIV n'est plus : les bourgeois prennent la scène théâtrale d'assaut et désirent voir leurs valeurs de travail, de méritocratie être représentés. On voit ainsi une affirmation du genre nouveau initié par Diderot : le drame bourgeois, tension entre comédie et tragédie comme Le fils naturel de 1757. Ce genre de comédies de type drame bourgeois ou sérieux est aussi visible avec Beaumarchais et sa trilogie qui dénonce avec un ton polémique et ironique les privilèges nobles et milite pour la reconnaissance des métiers de lettres : Le barbier de Séville, Le mariage de Figaro, La mère coupable.

Le théâtre de la première moitié de siècle s'appuie sur les foires et jouent des vaudevilles, les troupes de comédiens professionnels se multiplient. La seconde moitié de siècle voit les théâtres de boulevard prendre de l'importance avec des farces et des comédies.

Le genre romanesque au XVIIIᵉ siècle

Le roman best-seller du siècle précédent est le roman pastoral de l'Astrée, Honoré d'Urfée, mis en opéra par la Fontaine. Le roman se renouvelle au siècle des Lumières avec un ton introspectif et l'usage de la première personne du singulier. Les romans-mémoires de Marivaux le prouvent : La vie de Marianne et Le paysan parvenu. Le roman d'aventure avec un ton picaresque hérité de Don Quichotte de Cervantès (XVIᵉ siècle) est repris avec L'histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage. On trouve aussi du romanesque noir avec L'histoire de Manon Lescaut de l'abbé Prévost. Laclos avec Les liaisons dangereuses de 1782 et Crébillon Fils, les Egarements du cœur et de l'esprit, 1736 développent le ton du libertinage aristocratique. Montesqieu, Les Lettres persanes (distanciation exotique et intrigue de sérail) de 1721, Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782 et RousseauLa Nouvelle Héloïse (éducation, philosophie et morale) de 1761 témoignent de l'importance des romans épistolaires (par lettres). Rousseau innove avec Ses Confessions de 1782 avec une autobiographie pour la première fois. Il ressentait le besoin de justifier sa vie devant ses nombreux détracteurs. Diderot est aussi à l'origine d'un genre nouveau: l'anti-roman avec Jacques le fataliste de 1796, un anti-roman qui expose les dessous de la fiction et ses artifices.

La littérature d'idées au siècle des Lumières

Cette périphrase "le Siècle des Lumières" désigne la naissance de la critique de la société et ses institutions sociales et politiques et d'un esprit rationaliste, l'importance de la raison et de l'expérimentation. En effet, ce siècle voit naître l'intellectuel, souvent engagé. 

Montesquieu, un noble, réalise la somme politique monumentale en 1748, De l'esprit des lois qui relativise le droit divin de la monarchie absolue et instaure la séparation des trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. C'est une vaste réflexion sur les systèmes législatifs connus dans les sociétés, une philosophie du droit.

Rousseau introduit l'anthropologie avec sa théorie du "bon sauvage" selon laquelle l'Homme est naturellement bon dans l'État de nature et que ce sont les institutions qui le corrompent dans Discours sur les origines et fondement de l'inégalité parmi les hommes de 1755 et aussi dans son discours à succès de 1751, Discours sur les sciences et les arts ou encore dans Du contrat social de 1762. Rousseau s'illustre aussi dans l'éducation avec L'Émile ou de l'éducation de 1762 alors que l'auteur avait abandonné ses quatre enfants. Les rousseauistes comme Laclos reprendront ses idées. Ce rapprochement de la nature s'observe aussi avec Buffon et son Histoire naturelle de 1749 à 1788, une somme scientifique sur toutes les espèces connues qui se pose contre certains dogmes religieux. 

Diderot et D'Alembert mènent de lourds projets de l'Encyclopédie, dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de 1751 sous la direction du libraire Breton pendant environ 25 années. Cette soif de savoir et cet ambitieux projet de réunir la totalité des connaissances montrent l'esprit universel des Lumières. Les connaissances sont classées en Histoire, Philosophie et Beaux-arts pour la mémoire, la raison et l'imagination. La préface de 1751 est écrite par D'Alembert et est perçue comme le manifeste des Lumières. D'Alembert, un scientifique brillant, est le meneur du parti des Philosophes. Ce projet sera naturellement censuré, critiqué -Voltaire compose sa tragédie L'Écossaise en 1760 pour dénoncer les détracteurs de l'Encyclopédie- pour les idées libérées exposées comme dans l'article "Genève" de Voltaire et D'Alembert qui est polémique et se place contre l'absolutisme et la vision métaphysique. Diderot s'oppose aussi à l'Église dans son article "Intolérance" qui reprend les éléments d'une lettre écrite à son frère du clergé en 1760. Ce projet est repris par Voltaire avec son Dictionnaire portatif de 1764 ou la Raison par l'alphabet de 1769.

Voltaire invente le genre du conte philosophique pour railler avec son habituel ton polémique et ironique le fanatisme, l'hypocrisie religieuse, l'orgueil et la bêtise humaine, le fanatisme dans L'Ingénu, 1757, Candide ou l'optimisme, 1759, Micromégas, 1752. Voltaire est un penseur suisse qui est craint et reconnu partout en Europe, il s'engage notamment dans l'Affaire Calas en 1763 et publie le Traité sur la tolérance en 1763. Il critique également les institutions françaises dans Les lettres philosophiques ou anglaises de 1734 qui montrent l'ouverture économique et culturelle de l'Angleterre face à une France fermée sur elle-même et caricaturée durant son exil en Angleterre de 1726 à 1728 dont il revient transformé.

Les philosophes des Lumières seront souvent persécutées : Rousseau vivra en tant que précepteur, Diderot réalise l'Encyclopédie pour en percevoir les revenus et vendra sa bibliothèque à Catherine II de Russie, la despote éclairée. Les philosophes des Lumière auront tous une conception spécifique de la religion avec le déiste Voltaire, le théiste Rousseau qui croit en un Dieu Créateur dans l'ordre de la nature et Réparateur dans le chaos humain (Confession de foi d'un vicaire savoyard, Émile, 1762), le matérialiste puis l'athée Diderot dans Lettres aux aveugles de 1749 puis Lettres aux sourds et aux muets de 1751. Le siècle des Lumières voit aussi l'émergence des métiers des lettres, porté par Diderot dans sa Lettre sur le commerce des livres de 1764, puis Beaumarchais et sa pétition de 1793.

Écriture et émancipation féminine

Les salons littéraires, les ruelles du XVIIIᵉ siècle permettent l'émancipation des femmes qui deviennent auteurs pour certaines avec Mme de Graffigny, Mme de Tencin, mère supposée de D'Alembert, Mme du Châtelet et Marie-Jeanne Riccoboni. Ces premières revendications féministes font écho à l'ouvrage de Laclos, De l'éducation des femmes de 1743, qui prône le portrait de la femme naturelle contre la femme de la société. C'est un ouvrage féministe qui montre comme "leurs sorts [aux femmes] ne dût guère être meilleur que celui des Noirs de nos colonies".

 

 

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